Gareck, La Fin d'un Monde
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Gareck, La Fin d'un Monde


 
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 Quand parut l'aube aux doigts roses

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Haru Nevoriac
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Haru Nevoriac


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MessageSujet: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeSam 3 Fév - 2:35

[Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour!
- Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve!]



Quand parut l'aube aux doigts roses IMG_3849


C’était une oxymore, un contraste, une antilogie ; c’était la réunion de deux états, la croisée des chemins, le moment où le cœur de l’individu se gonfle et fond devant le spectacle qui lui est donné de contempler. Par delà les centaines de kilomètres de la plaine, haut dans les sommets de Firus, la lune se couchait et le soleil se levait, dans un mélange métallique de nuit et de jour. A l’Est, l’astre brûlant venait tout juste d’apparaître, majestueux, son corps sphérique se gondolant sous la couleur écarlate dont il était vêtu ; à l’Ouest, dans un dernier voile d’obscurité, un croissant de lune blafard achevait de dissimuler son éclat argenté, transparent et léger, derrière un amas de roches qui se couvraient de dorures. Un vent tiède soufflait du Sud, parmi les herbes et les cailloux ; un instant, un souffle de vie.

C’était près d’un sommet aux contreforts rocheux ; les serpents traçaient leur chemin sinueux dans la pierre ocre et les chamois bondissaient de l’une à l’autre comme si l’apesanteur n’avait aucun effet sur eux. Debout au sommet d’une plate-forme suspendue dans le vide, contemplant en silence le spectacle qui s’offrait à sa vue, Haru Nevoriac savourait pleinement l’instant présent. La brise légère agita un instant ses courts cheveux fins d’un noir de jais, et elle soupira d’aise. Combien de levés de soleil avait-elle contemplé, à ce même endroit, debout comme en cet instant, face aux déflagrations de l’astre brûlant ? Des dizaines, peut-être des centaines. Peu importe. Ils étaient plus beaux à chaque nouvelle fois.

Haru était une personne qui aimait le calme, la sérénité, et la beauté simple mais merveilleuse de la nature. Au sommet de cette montagne, elle se sentait comme chez elle. Oublier, rien qu’un instant, tous ces soucis, ces préoccupations, ces choses qui faisaient sa vie autrefois mais qui ne parvenaient plus à adoucir son présent….Sinon ce spectacle, rien ne pouvait effacer le mal qu’elle éprouvait à vivre. Rien ne lui offrait la paix.
Dans son dos, accroché simplement par une sangle, elle sentait le poids rassurant de Ryomen No Zuka. Cette épée avait été le seul objet qui l’avait accompagnée toute sa vie. Elle y tenait comme à son existence. Sans doute termineraient-ils ensemble leur périple, quel que fut la date à laquelle celui-ci prendrait fin.

Mue par un sentiment de neurasthénie profonde, celle qui était le bras droit de la communauté des Excommuniés quérit du regard un rocher pas trop inconfortable sur lequel s’asseoir. Ayant trouvé l’objet de sa recherche, Haru fléchit ses jambes fines mais déjà fourbues par la lassitude et se laissa tomber sur le roc sec, déjà rendu tiède par l’exposition aux émanations caloriques du soleil empourpré. Les nuages dérivaient paresseusement, avec une lenteur indolente, dans le ciel sans obstacle, étirant leurs voiles immaculés vers d’autres lattitudes. Un nouveau jour se levait sur le monde de Gareck, avec la perspective de son lot quotidien de morts et de souffrances. Quel était, véritablement, le but de tout ceci ? La jeune lieutenant n’en savait vraiment rien. En outre, ce n’était pas son principal souci. Tout ce qui comptait, désormais, c’était de faire son boulot : obéir aux ordres, tuer d’abord, tuer ensuite, éventuellement convertir, tuer toujours, et poser quelques questions une fois que tout le monde est mort.

Pourtant, si elle pouvait, n’était-ce qu’un instant, s’isoler de ce monde endeuillé et souillé d’hémoglobine, elle le faisait dès que possible. C’est pourquoi elle était là en cet instant. Prendre un peu de repos. Rasséréner son corps et son esprit. Laver ses plaies et ses peines.
Avec des gestes nonchalants, Haru sortit de sa poche un petit couteau inoffensif avec lequel elle se mit à éplucher un kumquat. Son seul et unique supérieur hiérarchique Krago Gil'Dillian, allait probablement lui reprocher d’être dissipée et d’avoir manqué à ses fonctions ce matin là. Qu’importe. La jeune Lupinal était apte à recevoir toute forme de sanctions, du moment que rien ne vienne troubler son moment de paix.

Au fil des secondes, les morceaux de peau épluchées du fruit tombaient à terre en un petit tas compact, tels des lambeaux épidermiques déchirés par la douleur.



[Réservé à Nova jusqu'à son arrivée]
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Nova Yzis
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeDim 4 Fév - 16:32

[Y'a pas à dire... J'adore comment tu écris...]

Le sublime soleil couchant éclairait la scène depuis déjà quelques minutes. L'astre de feu illuminait dans un splendide brasier ardent les monts, créant des ombres fantomatiques immenses, et incendiant le ciel maculé de quelques nuages qui tentaient mollement de fuir cet embrasement céleste. Un fin souffle de vent chaud rafraîchissait agréablement Nova, faisant danser ses cheveux roses passé autour de son visage. Malheureusement la jeune créature douce et fragile ne pouvait admirer ce spectacle, où les mots sont trop faibles et bien inutiles afin de donner une maigre description. Car en raison de sa cécité, Nova vivait dans un noir constant, que jamais ne venait éclairer un rayon de soleil, ou une étincelle de lumière.

Mais si Nova ne voyait pas avec ses yeux, elle voyait avec son âme. Celle-ci, ne voyait pas les apparences des choses, mais voyait beaucoup plus loin. Elle entr’apercevait les recoins les plus cachés des gens, leurs secrets les mieux gardés, leurs peurs, leurs envies. Son âme, oiseau fulgurant et majestueux, était ses yeux, ses mains, son corps. Jamais elle n'avait eu tort sur quelqu’un, elle suggérait toujours à Nova la bonne conduite. D'ailleurs, dans les ténèbres de la cécité, les couleurs lui manquait rarement, car elle en voyait d'autres, "les cachés" comme elle les appelait, que personne d'autre qu'elle ne pouvait seulement imaginer.

Elle sentait sous ses pieds des irrégularités, des bosses, des creux, des arêtes, des faces lisses. Elle devina que ses pas l'avait portée dans les montagnes, ce que venait appuyer la sensation d'air pur. Elle était bien, seule, solitaire... Elle pensa soudain qu'elle devrait peut-être quitter la tête des indépendants et qu'elle devrait vivre ici, sur ces monts solennels au silence apaisant. Mais elle ne pouvait pas... Elle avait trop de responsabilités, et elle était en quelque sorte la "mère" de tous les athées. Elle était pour les autres cette présence maternelle qu'elle-même n'avait jamais eu.

Fatiguée de penser ainsi sur son sort, car cela était très rare, n’ayant pas l'habitude de s'apitoyer sur son malheur, Nova s'assit. La pierre était lisse, douce. Comme ma peau, pensa-t-elle. Elle passa sa main, frêle araignée sur son bras, comme pour vérifier la véracité de ses dires. Puis elle la passa sur la pierre. C'était en effet la même consistance, le même toucher. Flattée, elle crut qu'on pouvait la comparer à une pierre ancestrale, ayant des milliers d'années d'expériences. Mais par rapport au moindre petit caillou, ne serait-ce qu'un grain de sable, elle n'était méprisable, elle venait à peine de naître. Elle eut soudain envie d'être cette montagne, stoïque, toujours la même face aux épreuves... Mais elle le savait, elle était trop malléable, et il lui était difficile de prendre une décision si tous le monde n'était pas d'accord avec elle. Elle ne savait pas trancher...

Soudain, ses oreilles entendirent un souffle rapide, comme coupé par la beauté du spectacle auquel elle n'avait pas droit. Elle se tourna vers cette personne, futile réflexe de voyant. Elle sentit que c'était une femme, à ce parfum fort, souvent exagéré, mais qui produisait un effet inexplicable sur les hommes, qui émanait d'elles. Sa main tâtonna dans le vide, à la recherche du visage invisible dans le noir total de la cécité. Enfin elle le trouva. Comme la sienne, la peau était douce, velouté. Elle pressentait que la femme en face d'elle était magnifiquement belle, et qu'elle devait avoir un succès sûr face aux hommes. Elle comprit soudain l'énormité de sa gaffe lorsqu'elle tomba sur deux lèvres pincées par la gêne. Le voyant n'était pas habitués à cette habitude qu'on les aveugles de toucher pour voir. Embarrassée, elle retira vivement sa main. Elle s'excusa faiblement, du bout des lèvres. Elle aurait aimé que la femme lui dise que ce n'était pas grave, qu'elle comprenait... Mais elle se doutait que cela était très peu possible...


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Haru Nevoriac
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 6 Fév - 1:14

[HJ: Merci Nova, c'est gentil^^]

Tandis que le Soleil se lançait à l’assaut du vaste ciel indifférent en une lente ascension, substituant sa lumière étincelante à un apport calorique plus élevé, Haru achevait d’éplucher son kumquat et, après avoir passé une langue sur la lame effilée pour en recueillir le jus, rangea son canif dans sa botte. Elle mangea ensuite le fruit avec tranquillité tout en continuant à observer le paysage. Et si elle restait ainsi toute la journée ? Les reproches à son retour seraient-ils proportionnels à la durée de son absence ? Si ce n’était pas le cas, alors, la lieutenant était toute disposée à s’étendre contre un morceau de roc et à somnoler des heures durant en rêvant d’un monde meilleur.

Mais la voix nasillarde de la raison la rappelait à l’ordre de façon désagréable. Il fallait qu’elle rentre. Ses unités l’attendaient pour un briefing complet des derniers jours, ainsi qu’une présentation aux nouveaux gradés et un exercice de simulation sur le terrain. Elle avait du pain sur la planche…
Haru finit donc sans hâte son kumquat et se leva, quand un petit bruit feutré, très faible, lui fit lever la tête. Elle sentit cette présence sous-jacente bien avant de la voir, et ce grâce à son éminente ouïe de Lupinal qui percevait le frottement sonore des pas dans les rocs malgré le bruit du vent. La jeune femme ne bougea pas, se tenant debout et très droite, son épée en main.

Incessamment sous peu apparut devant ses yeux une jeune fille d’une façon presque déconvenante, tant elle semblait petite, frêle et chétive, perdue au milieu de ces gigantesques rochers qui la surplombaient de toute leur hauteur. Le fait était rendu d’autant plus inénarrable que la nouvelle venue avançait à pas hésitants, comme si la direction finale de sa route était inconnue d’elle-même. Elle avait des cheveux roses qui cascadaient sur ses épaules en une longue rivière lisse, et d’immenses yeux irisés ourlés de pourpre, qui mettaient en valeur sa peau d’albâtre à l’aspect plus doux que la ouate.
Haru resta un instant muette, surprise. La jeune inconnue devait avoir une vingtaine d’années tout au plus: que faisait-elle là ? A quelle communauté appartenait-elle ? La lieutenant ne pensait pas trouver dans ces sommets une entité autre qu’un guerrier ou un alpiniste averti. Mais sûrement pas une jeune fille d’apparence fragile qui, visiblement, ne semblait pas trop sûre de ce qu’elle faisait là.
Mais avant d’avoir pu prononcer le moindre mot, elle s’aperçut que l’esseulée aux cheveux roses s’approchait de plus en plus d’elle. Inconsciemment, la méfiance de Haru s’accrut et elle ébaucha un geste de recul. Dans un combat, tout contact tactile pouvait signifier le trépas instantané. Quelle était donc cette impudente qui tentait ainsi de la palper ? Lorsque la main satinée de la jeune fille se posa sur l’épiderme de son visage, elle frémit sous l’audace du geste. Personne ne l’avait ainsi touchée sans avoir à répondre de ses actes sans explication valable.

Cependant, à l’instant où la fluette main frôla ses lèvres étirées par la gène et se retira en un mouvement convulsif, elle comprit. L’inconnue ne pouvait être pleinement conscience de son acte. Elle ne pouvait ni voir ni savoir. Car elle était tout simplement aveugle.
Haru comprenait à présent pourquoi cette petite créature avait osé impunément tâter son visage. Le fait lui paraissait à présent véniel et futile. Elle comprenait tout à fait. La lieutenant fut saisie d’un élan de compassion quand elle regarda la jeune fille se reculant en murmurant faiblement des excuses.
Elle ne dit rien tout d’abord, laissant un instant de mutisme total s’étirer entre les deux individus, puis demanda:


"Qui es-tu, jeune fille ?"

Le ton n’était ni sévère, ni apitoyé, juste neutre. Haru ressentait de la commisération pour cet être privé du sens le plus expressif, mais il n’était pas dans ses habitudes de se montrer attendrie avec qui que ce soit, encore moins avec une inconnue. Cependant, elle ne voulait se montrer trop rude, au risque de voir l’égarée fondre en larmes. Après tout, elle était d’apparence si grêle…

"Il n’est guère prudent pour une non-voyante de se balader dans les montagnes" fit-elle remarquer avec cette même voix dénuée d’expressions.
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Nova Yzis
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 6 Fév - 15:59

[H-J : Eyh ! C'est pas juste ! Tu fais une plus belle descrption de MON perso que moi !!!! Bouh ! ^^]

Finalement, la femme ne lui avait pas dit qu'elle comprenait, ni que cela n'était pas grave. Elle lui avait simplement demandé de décliner son identité. Une militaire sans doute pensa-t-elle aussitôt. Qui d'autre pourrait se soucier immédiatement de l'indenté de la personne en face de vous, alors que vous n'en connaissez même pas le nom... Au lieu de demander "Qui êtes-vous" une personne sensée, et non pas sous l'influence de l'armée aurait sûrement demandé "Comment vous appelez-vous ?" Futile question, en apparence totalement anodine, mais qui avait pour Nova de l'importance. Car elle ne pouvait se fier à ce qu'elle voyait. Elle devait donc relever toutes les traces possibles dans les voix, dans les paroles, dans le ton, qui lui permettait de définir si on lui entait ou pas... Si la personne était compatissante, hautaine, où méprisante avec elle.

Mais cette fois-ci, elle ne parvint à savoir seulement que la femme était une militaire, peut-être au placée à cause du réflexe qu'elle avait eu de se reculer, un tant soit peu, certes, mais Nova avait tout de même perçue un mouvement de recul. Mais à part cela, elle ne savait rien de la femme. Car les paroles avaient été dites sur un ton neutre, sans aucune expression, comme dites par une machine dénudée de sentiments. Nova sentit à cet instant que la femme pouvait être dangereuse, car dans sa voix se lisait tout de même, bien qu'elle ait eu du mal à le percevoir au début, une pointe d'agressivité, de tendance à la bagarre. Elle ne savait pas si son apparence chétive avait assez influencé la femme et c'était précisément cela qui l'inquiétait.

Car d'habitude, tous répugnent quelque peu à frapper une femme, alors si celle-ci est belle et a une apparence fragile, elle est presque intouchable. Or, Nova savait qu'elle était belle, et que se dégageait d'elle une impression fragile, gracile presque. Mais une peur sournoise s'était introduite en elle. Elle sentait que la femme n'aurait aucun scrupule. Pour faire quoique ce soit, elle ferait tout afin de protéger sa sécurité. Mais par ailleurs, elle ne croyait pas cette femme capable de la tuer inutilement, à cause de sa voix... Elle sentait que la femme était juste, et qu'elle n'était pas prête à faire une boucherie à cause d'un rien... D'autre part, à cause d'un mince soupir, presque inaudible pour celui qui ne serait pas habitué à épier chacun des sons, elle avait comprit que la femme en avait assez de la vie militaire, qu'en fait, la seule chose qu'elle désirait peut-être, c'était de vivre tranquille, dans ces montagnes qu'elle ne pouvait pas voir...

"- Je me nomme... (Elle eut une légère hésitation avant de dire son nom... Si la femme était une de ces fanatiques qui lui courrait après depuis le début de Kabadj ? Finalement, elle choisit de mentir... On verrait bien ce qui se passerait. Peut-être lui dira-t-elle après sa véritable identité.) ... Nemesia Kolgorh. Je suis aveugle, comme vous l'avez peut-être remarqué. Et vous ?"

Elle avait mentit. Pour la première fois de sa vie, elle avait mentit. Pour préserver son identité, peut-être sa vie, mais cela n'enlevait rien à la gravité de son acte : mentir... Ce mot dansa devant ses yeux aveugles, et se répéta incessamment à ses oreilles, comme quand des gamins ne cessent de répéter "Il est Amoureux ! ..." juste pour voir quelle réaction on a face à cette attaque. Eh bien là, c'était la même chose... Sauf qu’au lieu de dire "Elle est amoureuses !!! ..." des bouches inconnues chantaient "Menteuse, menteuse, menteuse !!!", comme une valse infernale qui jamais ne se terminait. Jamais elle n'avait menti, et à présent, elle se sentait souillée, maculée des "péchés" des hommes, comme le disaient ceux qui croyaient en quelque chose... Et puis elle, d'abord ? En quoi croyait-elle ? En rien... A part en elle...


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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 6 Fév - 22:52

[HJ: Tu trouves? xD Merci]

Haru, de son côté, ne savait plus trop quelle attitude adopter quant à l’être qui lui faisait face. S’agissait-il d’une inoffensive petite fille aveugle, vêtue comme une poupée à la peau de nacre, ou au contraire une entité jactante méphistophélique dont il fallait absolument se méfier ? Elle balançait vers la première alternative, mais la présence plus qu’improbable d’une non-voyante seule dans les montagnes l’incitait à se montrer plus prudente que jamais. Elle se demandait seulement si l’existence d’un potentiel danger n’était pas onirique…comment trouver la réponse ? Rien, dans le néant existentiel de la cécité, ne laissait filtrer une quelconque émanation de ces immenses yeux d’opale.

C’est pourquoi quand la Louve avait demandé « qui » était la jeune fille, et non pas « comment elle s’appelait », elle avait espéré, par cette simple question, une réponse complète et concrète qui l’informerait sur son interlocutrice. Mais celle-ci se contenta de murmurer un non comme si ce fait simple était délétère. Haru la regarda d’un air un peu surpris et pas tout à fait satisfait. Oui, la belle Nemesia Kolgorh était aveugle, elle avait vu. Mais cela ne la renseignait en rien sur la communauté à laquelle elle appartenait.
C’était là quasiment la seule et unique chose que la lieutenant désirait savoir, car cette donnée déterminerait l’attitude à adopter envers la jeune fille. Si par malheur elle se trouvait être une Kabadj, Haru se trouverait dans l’obligation de la tuer sur le champ.

Elle réfléchit un instant. Kolgorh…Non, décidément, ce nom ne lui disait rien. Pourtant, la lieutenant avait une très bonne mémoire du vécu comme visuelle et auditive ; elle n’aurait donc pas pu oublié cette identité si elle l’avait déjà croisé. Cela ne fit que renforcer sa méfiance et elle serra le poing sur le fourreau ouvragé de Ryomen No Zuka, émettant un petit cliquetis sonore. Si cette jeune Nemesia n’était pas de ses propres rangs, elle était peut-être une Kabadj. Haru formula intérieurement la prière que ce ne soit pas le cas. Tuer si tôt le matin lui donnait parfois la nausée.

Devant elle, l’inconnue aux cheveux roses venait de lui demander également son identité. La jeune femme frémit. Que répondre ? Sûrement pas la vérité, en tout cas. Elle faisait preuve d’assez de discernement pour conclure que divulguer son véritable nom était imprudent. Aussi Haru prit bien soin de réfléchir avant de répondre, toujours d’une voix sans timbre:


"Peu importe qui je suis. Il y a du danger dans ces montagnes, surtout pour une personne aveugle. Tu ne devrais pas te promener seule par ici. A quelle communauté appartiens-tu ?"

Ouf, au moins, la question était clairement posée. La Louve n’allait pas tarder à savoir quelle était véritablement la religion à laquelle appartenait Nemesia. Et alors, elle pourrais réagir en conséquence.
Dans sa main, l’épée reposait, prête à servir d’un moment à l’autre.
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Nova Yzis
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeJeu 8 Fév - 13:12

La femme croyait qu'elle était faible. Ah ! Encore un de ces voyants qui s'imaginent que sans eux, les aveugles ne sont rien... Pathétique... Se croyait elle donc si essentielle pour elle ? Nova en éprouvait presque de la pitié... Oui, c'est cela, de la pitié. Normalement, cela aurait dû être le contraire, la voyante éprouvant de la pitié pour la non-voyante. Mais toutes ces personne imbues de leur supériorité et sous-estimant leur adversaire la dégoûtait presque. C'était à cause de ces gens là que Nova avait due batailler pour acceder à la fonction ultime chez les athés. Car tout le monde la croyait trop faible, en tant qu'aveugle pour gouverner ce qui n'était rien d'autre qu'une petite nation. Mais elle les avait rapidement écartés, et avait imposé sa main de fer sur le peuple, gouvernant avec justice, et douceur.
Alors que faire à présent ? Jouer le jeu ? Mentir une autre fois ? Nova ne s'en sentait pas le courage. Exploser de fureur en hurlant que non, elle n'était pas faible du tout et qu'elle était parfaitement capable de terrasser n'importe qui en combat ? Elle passerait pour une folle, et la femme n'aurait que plus de compassion pour cette aveugle à l'esprit dérangé. Or elle ne voulait pas de sa pitié, mais elle souhaitait que la femme éprouve pour elle comme une sorte d'admiration à défaut de la traiter comme son égal. Mais elle ne pouvait pas prendre le risque de la provoquer en combat, car elle avait entendu le grincement clair de la lame sortant du fourreau.
Mais elle n'avait toujours pas résolu son interrogation. Elle n'avait fait qu'exclure une hypothèse. Elle ne pourrait pas attaquer... Le risque était trop grand. La femme semblait absolument vouloir savoir à quelle religion elle appartenait. Nova sentait au plus profond d'elle même, à voir la fréquence à laquelle elle répétait son "interrogatoire" que cette question était capitale pour elle. Nova, elle le savait, elle n'aurait qu'une seule chance. Après cela, elle ne pourrait plus revenir en arrière. Elle n'avait qu'une seule réponse à dire. Alors autant réflechir avant... Elle ne devait pas se tromper, sinon, elle mourrait, par le fil de l'épée qu'elle avait entendue tout à l'heure... De cela, elle en était convaincue...
Alors ? Que dire ? Excommunié, Kabadj, ou Athée ? Le choix était terrible. Elle ne pouvait pas se permettre de se tromper, et elle devait vite faire son choix, car sinon, la femme se douterait qu'elle mentait... Dire la Vérité, dans son immense et sublime grandeur était exclu. Car elle en était sûr, la femme n'était pas un athée... Sa voix lui était totalement inconnue, et elle était bien loin de son peuple. Elle avait décidé de faire cette escapade au responsabilités du pouvoir seule, et n'avait mis personne au courant. La femme n'était donc pas une athée... Kabadj aussi était exclu : elles étaient bien trop loin de leur lieu principal, et elle savait qu'il était rare de les croiser dans ces monts... Alors il ne restait plus qu'une seule solution...
"Je suis une excommuniée..."
Tout aveugle aurait perçu dans sa voix la nuance du mensonge, que ses lèvres avaient une fois de plus honoré, et suillé son âme une seconde fois... Mais les voyant, eux, ne possédaient pas cette intuition qu'avaient tous les aveugles. Ils se fiaient à ce qu'ils voyaient pas à ce qu'ils entendaient. Et tout dans son attitude, elle le savait, exprimait la plus sincère vérité. Elle s'était entraînée plusieurs fois à modifier son apparence, en vue d'utiliser l'arme qu'est le Mensonge. A présent, elle avait une attitude droite, sincère, qui exprimait la volonté d'être crue. Elle esperait que cela suffirait pour le chasseur terrible qu'était la femme en face d'elle...
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeJeu 8 Fév - 20:59

Lorsque Nemesia, après une brève hésitation, déclara avec une visible probité qu’elle faisait partie du camp des Excommuniés, Haru sentit toutes ses craintes, ou presque, s‘envoler. Elle lâcha mentalement un soupir de soulagement et regarda une nouvelle fois la jeune fille. Elle n’était pas habituée dans ce genre de domaine et ne savait donc pas si celle-ci mentait, et à vrai dire, cela lui importait peu. Le nom de la communauté n’était qu’un facteur déterminant une mort immédiate ou non ; mais dans tous les cas, si Nemesia se révélait sortir du droit chemin, elle n’hésiterais pas à recourir à des sanctions.
Toutefois, la Louve était soulagée que celle qui ressemblait à une poupée et qui se tenait devant elle n’aie pas de mauvaises intentions, du moins a priori. Mais cependant un doute subsistait. Comment se faisait-il que la lieutenant ne reconnaisse pas le nom de Kolgorh parmi ses contingents ? L’avait-elle oublié ? Non, c’était improbable, voir même impossible. Tous ses soldats étaient passés au peigne fin et Haru en connaissait souvent bien des détails. Alors, était-ce une nouvelle recrue que cette apparition chimérique de poupée de porcelaine dans un désert de roc ? Elle ne savait plus trop quoi penser.


"Bien…" souffla t-elle d’un air las avant de s’asseoir sur un morceau de rocher.

Elle s’avouait vaincue, du moins temporairement. Il ne servait à rien, après tout, de se prendre la tête avec des enchevêtrements inextricables de problèmes insolubles ; ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans des telles circonstances et, dans le cas d’un retournement de situation, elle saurait comment réagir. Et si Nemesia était réellement une Excommuniée ? Si c’était vrai, Haru n’avait pas du lui donner une très bonne impression. Tant pis, alors, spécula t-elle en haussant les épaules, pensant qu’en tant qu’aveugle, la jeune fille ne la verrait pas. De toutes manières, il était de notoriété publique qu’elle n’avait jamais été un chef très tendre avec ceux qui constituaient ses rangs de même qu’avec ses ennemis.
Son regard se dirigea une nouvelle fois vers la magnifique cascade de cheveux d’escarboucle brillante ainsi que vers ces yeux immenses et vides qui semblaient vous contempler avec omnipotence. Trop occupée par ses préoccupations premières de religion, la Lieutenant ne s’était pas aperçu de la beauté subtile et imposante de Nemesia. Elle sentit soudain son rythme cardiaque s’accélérer très légèrement ; cette fille, par son assurance physique, lui rappelait sa propre mère, d’une splendeur sans égale elle aussi. Emue, Haru se sentit rougir et détourna le regard, gênée. Heureusement, dans les ténèbres de la cécité, la jeune fille aveugle ne pourrait voir son embarras.


"Alors fait attention à toi"
reprit-elle d’une voix qui se voulait de nouveau totalement dénuée d’expressions. "Les montagnes sont dangereuses et il y a de nombreuses aspérités sur le terrain. De plus des Kabadj rôdent parfois par ici. Rarement, il est vrai, mais on ne sait jamais sur qui on tombe."

Elle avait dit cette phrase en insistant bien sur la toute dernière partie. Incommodée, la Louve s’aperçut bientôt que des petits fourmillements agitaient ses membres de façon convulsive: voilà que les doutes refaisaient surface. Tandis qu’elle sortait de son sac un nouveau kumquat, les hypothèses les plus folles se dressèrent dans son esprit pour expliquer de façon rationnelle la présence à cette instant même d’une Excommuniée aveugle qu’elle ne connaissait pas à l’endroit même où elle avait voulu trouver un peu de quiétude. Même après moults réflexions, son sens logique ne parvint à joindre les deux bouts et elle jeta un regard suspicieux à Nemesia. Non, décidément, quelque chose n’allait pas. C’était trop improbant, trop peu discursif. Un détail clochait, elle ne savait pas quoi, et cela l’agaçait. Haru n’était pas cependant quelqu’un qui renonçait à la moindre difficulté. Bien décidée à déceler le secret de l’aveugle, elle se saisit de l’agrume et le lui tendit.

"Tu as faim ?" proposa t-elle.

En attendant la réponse de son interlocutrice, la Lieutenant sortit de nouveau de sa botte son petit canif qui s’ouvrit avec un chuintement significatif, puis se mit à retirer la peau du fruit qui tomba à terre dans un petit bruit feutré.


"Si tu es perdue, je peux te raccompagner jusqu’à Farlez" proposa t-elle d’une voix tout à fait neutre. Ainsi, elle pourrait voir si la jeune fille disait vraiment la vérité. Si elle refusait, son identité ainsi que son appartenance à une religion augmenteraient leur probabilité d’être des mensonges.
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Nova Yzis
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 13 Fév - 13:31

Le dégoût d'elle même... Elle avait honte de sa propre personne. Depuis tout à l'heure, elle ne cessait de mentir, ce qu'elle n'avait jamais fait auparavant, et la femme en face d'elle, même si elle semblait prête à la tuer il y a quelques instants, s'était brusquement radoucie, à l'annonce de son appartenance à la religion des excommuniés. Pire, elle semblait presque, si ce n'est l'aimer, du moins la couvrir. Un peu comme une mère, qui exaspère son enfant avec ses incessantes recommandations. Mais là, c'était autre chose que Nova éprouvait pour la femme. Elle n'éprouvait pas la sorte de lassitude devant les éternelle recommandations de sa mère, mais plutôt une sorte de ... elle même ne savait pas vraiment comment l'exprimer. Tout ce qu'elle savait, c'était que la femme était juste, et que peut-être, elles pourraient même devenir amies, si il n'y avait pas la barrière infranchissable de la religion.

La seule chose qui la rassurait, c'était qu'elle avait bien répondu à la question, et à présent elle en était sûre, sa vie en dépendait. Elle en était convaincue, la femme n'aurait pas hésité une seule seconde avant de la tuer de ses propres mains, si elle avait dit la vérité. Et cela l'inquiétait quelque peu car que se passerait-il lorsqu'elle découvrirait la vérité ? Que deviendrait-elle ? La femme aurait-elle le courage de la tuer, même après avoir sympathisé ? Nova en doutait peu. Car dans sa voix se lisait facilement une résolution farouche à aller jusqu'aux bouts de ses actes, quoi que ceux-ci puissent lui coûter... Et en même temps, même si Nova n'était pas en position favorable, elle éprouvait une sorte de pitié pour cette femme obligée de suivre les ordres, comme tout militaire, et d'en donner à ses subordonnés, ainsi que d'avoir trop de responsabilités. Mais après tout, la guerre, la vraie, où les homme meurent et souffrent, elle, et bien elle n'est pas vraiment différente que celle que font les enfants avec leurs épées de bois. Tout cela est un jeu absurde inventé par les adultes pour se divertir cruellement... Et c'est pour cela que Nova avait pitié de la femme, car elle était prit dans un engrenage mortel, et elle avait bien peu de chance de se sortir de cette voie de violence et de haine...

Mais la femme était vraiment étrange et attrayante. Car même si on savait qu'elle était capable de vous tuer à tout instant, il se dégageait d'elle une sensation étrange de chaleur humaine, et ce, même si elle tentait vainement de cacher toute émotion dans sa voix. Cela pouvait paraître bizarre, mais Nova avait réellement la sensation que la femme pouvait être douce. De plus, même si elle ne la voyait pas, elle sentait en son fort intérieur que la femme était belle, magnifiquement belle. A cette pensée, son coeur eût un imperceptible tressaillement, et une sensation toute nouvelle s'empara d'elle. Elle voulait être son amie. Car elle avait l'impression de la connaître depuis toujours, d'avoir vécu des vies antérieurs avec elle, main dans la main, yeux dans les yeux. Etrange paradoxe que cette recherche d'amitié, car la femme était tout de même prête à la tuer sans aucun sentiment, alors qu'elle, naïve petite fille, elle recherchait peut-être vainement son amitié. Elle hésita un moment à lui demander de but e blanc : "Tu veux être mon amie ?" mais cela faisait trop puérile, trop enfantin. Elle regrettait presque de ne plus être enfant, et de ne plus pouvoir utiliser cette sincérité si propre aux gamins. Mais après tout, elle même n'avait jamais été enfant. Elle avait due grandir prématurément, trop tôt. Elle n'avait jamais été enfant. Dès sa naissance elle avait été vieillie. Et cela lui manquait.

Elle tâtonna pensivement dans le vide à la recherche du fruit que lui tendait la femme. Après quelques instant de vaines recherches, elle tomba dessus, et s'en saisit. A cet instant, sa peau douce frôla innocemment celle de la femme. Une tempête d'émotions éclata dans sa tête, et Nova ne put l'arrêter, malgré tous ses efforts. Une drôle de sensation, qu'elle n'avait jamais éprouvée pour personne, lui titilla le coeur. Elle prit cela comme une simple symptôme du corps, alors qu'en fait, c'était un symptôme du coeur. Elle était éternellement lié à la femme, pour toujours, et depuis toujours. Ce n'était même plus la volonté d'être amie avec elle, mais Nova sentait que les Destins étaient irrémédiablement liés, quoiqu'elles fassent. Même si elles étaient de religions différentes, cela n'y changeait pas grand chose, sinon ajouter un degré de difficulté à leur relation. Car être aveugle et subir sans cesse la pitié des autres, ce n'est pas vraiment facile, tout comme il est difficile de ne pas en éprouver devant une non-voyante...

Après ce contact, elle prit le kumquat et le porta à ses lèvres. Le jus dégoulina quelque peu, mais sans plus. Elle s'aperçût soudain qu'elle n'avait aucune idée de l'identité de la femme. Lorsqu'elle lui avait posé la question, tout à l'heure, celle-ci avait répondu par une pirouette. "Et vous qui êtes vous ? A quelle religion appartenez vous ?" En disant ces mots, elle espérait que la femme lui répondrait sincèrement, bien qu'elle en doute un peu, étant donné qu'elle non plus n'avait pas était correcte dans sa réponse... "Non, non, ce n'est pas la peine... C'est très gentil à vous, mais je ne suis pas perdue. J'attends quelqu'un... Une personne... Une femme... Elle doit me rejoindre ici..." La femme dont elle parlait, ce n'était pas quelqu’un de sa connaissance, car personne au monde n'avait idée d'où elle se trouvait, mais c'était bien de celle qui se trouvait en face d'elle. Elle l'attendait, elle attendait qu'elle devienne son amie...
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMer 14 Fév - 21:55

L’irrésolution…l’incertitude…le doute…
Tant de synonymes qui n’exprimaient à la fois qu’un seul et même sentiment : celui qui, en ce moment même, rongeait le cœur de Haru, lui faisait jeter des regards fréquents à la dérobée à Nemesia, oubliant que celle-ci ne pouvait la voir, faisait travailler son esprit à toute vitesse et sa main se crisper, presque tendue malgré elle vers le pommeau de Ryômen No Zuka. Si ses doigts penchaient vers son épée, c’était plus par réflexe nerveux que par autre chose ; car alors, la Lieutenant n’avait plus maintenant la moindre envie la poussant à devenir agressive, ou même simplement véhémente, envers la personne qui lui faisait face.

Au contraire, celle-ci semblait…calme, sereine, comme munie d’une volonté et d’une détermination sans failles. Tout dans ses gestalts, son attitude, son regard inexistant, reflétait la volition farouche qui constituait cette jeune fille aveugle. Sans savoir pourquoi, la Louve ressentait plus intensément ce sentiment d’être en présence d’un être qu’on a toujours connu et qui sait tout de vous. Peut-être était-ce le cas ? Peut-être que, dans le néant de son déficient visuel, Nemesia pouvait tout voir des états d’âme les plus profonds d’une personne, et les comprendre plus que quiconque ? Ces immenses yeux qui observaient le vide avec pérennité semblaient deviner ce qu’elle, ingénue, ne savait pas. Haru se sentit comme prête à céder à la tentation de tomber dans un gouffre de chaleur intense et de s’y blottir pour l’éternité.

Un souffle d’air mélodique la ramena à la réalité : la jeune inconnue avait parlé, lui demandant une nouvelle fois son identité à elle aussi, qu’elle n’avait pas déclinée auparavant. Elle avait juste éludé la question. La Lieutenant hésita, méditative. Fallait-il lui dire la vérité ? Non, probablement. Elle ne connaissait pas encore assez bien Nemesia. Et puis, si celle-ci avait vraiment le don de percer à jour les intimes secrets sous-jacents des individus, il ne servait à rien de lui dévoiler l’authenticité de son nom. Elle devinerait par elle-même. De plus, même si cela lui importait peu, Haru se doutait que l’identité de la jeune fille était falsifiée. La tautologie de la question ne laissant aucunement place au doute : l’inconnue aux clairs cheveux vermillons voulait connaître son nom.


"Je m’appelle Mancina…Midasu Mancina"
fit la Louve d’une voix insipide. "Et je suis –évidemment- une Excommuniée aussi."

Lorsque sa main toucha légèrement celle de Nemesia lors de l’échange du fruit, la jeune femme avait frémi, comme si ce simple contact provoquait chez elle une réaction intérieure dont elle ne connaissait ni l’effet ni la provenance. Pourquoi ? Pourquoi cette jeune fille la troublait tant ? La Lieutenant ne savait plus que penser, partagée entre la sensation d’être en compagnie d’un ennemi ou d’un familier, d’un coussin ou d’une épine…Devait-elle laisser son instinct prendre le dessus et s’en aller sans aucune considération ? Non, bien sur que non, elle devait rester: elle était le Bras Droit de Krago Gil'Dillian, elle devait assumer ses fonctions, toujours remplir son devoir, et si c’était nécessaire, démasquer cette personne.
Et puis, tout au fond d’elle, même si elle ne s’en rendait pas compte, même si elle ne l’aurait admit pour rien au monde, cette jeune fille l’intéressait et l’apaisait tout en même temps. Alors, elle avait envie de l’accompagner…un peu plus loin.

Désormais, la moindre incohérence, la moindre fredaine lui était interdite. Elle était Midasu Mancina. Il ne lui faudrait pas se trahir. Haru tourna un regard surpris vers Nemesia lorsque celle-ci déclara qu’elle attendait quelqu’un. Immédiatement, ses sourcils arqués se froncèrent en une expression de contrariété. Une personne en plus, cela représentait toujours un adversaire potentiel à ajouter à la liste. Ainsi, elle l’avait bien eue ! Cette jeune aveugle était plus maligne que la Louve ne l’aurait pensé. Qu’elle avait été bête de croire, n’était-ce qu’un instant, qu’elle pouvait peut-être relativement sympathiser avec cette non-voyante ! Celle-ci n’avait probablement eu qu’un seul objectif depuis leur rencontre : la retenir dans cet endroit, où les accidents étaient vite arrivés, en insinuant le doute dans son esprit, pour pouvoir ensuite la vaincre sans aucune difficulté grâce à son amie. C’était très bas et remarquablement agencé. La Lieutenant sentit son rythme cardiaque s’accélérer. Deux adversaires ? Rien à faire ! Nemesia avait du renfort ? Tant pis, elle les aurait toutes les deux !


"Bien, alors je vais attendre avec toi jusqu’à ce que cette personne arrive…je ne voudrais pas qu’il arrive malheur à quelqu’un de mon clan. Tous les Excommuniés sont précieux."

La jeune femme cala son dos plus confortablement sur les rochers en expirant, puis croisa ses bras sur son ventre dans la position caractéristiques des souverains bedonnants lorsqu’ils sont repus et tranquilles. Pourtant, toute cette décontraction était feinte. Tous les sens de Haru étaient en éveil et elle guettait le moindre bruit suspect qui n’aurait pas eu sa place dans ce décor de montagne.
A présent, toute la compassion ou même la pitié que la Lieutenant avait ressenti pour Nemesia s’était envolée en fumée, cédant le pas à une sorte d’admiration intérieure et de reconnaissance de son estime. Elle avait cru la jeune fille fragile et sans défense…comme elle avait été naïve…Bien qu’aveugle, elle savait parfaitement se débrouiller, en était même arrivée à prendre à revers dans un jeu de paroles les sentiments de Haru Nevoriac elle-même. Etant loyale, celle-ci devait avouer que la maîtrise et la valeur de Nemesia étaient remarquables.

Pendant le temps qu’avait duré leur conversation, le soleil s’était levé dans un flamboiement de couleurs pourpres, achevant de baigner le décor d’une pellicule dorée et se lançant à l’assaut du ciel, en délaissant les cavernes et les entrailles obombrées de la montagne, qui n’avaient d’attraits que pour les animaux nocturnes pressés de trouver enfin le repos. En contemplant ce paysage, une pensée vint soudain à l’esprit de la Louve et elle se tourna vers sa jeune interlocutrice pour demander:

"Et la légende ? Celle qui prétends que ces sommets seraient hantés par des esprits démoniaques…tu y crois ?"

Et puis non, ce n’était pas possible. Pas maintenant. Pas cette fois. Si Nemesia était aussi intelligente que le pensait Haru, elle n’aurait jamais dévoilé son stratagème au grand jour. Elle n’aurait jamais dit clairement et explicitement qu’elle serait rejointe par une autre unité. Ca sentait le piège, c’était trop grossier, trop évident. Mais elle ne savait comment se tirer de ce mauvais pas.
Il faudrait ruser. Mais la Lieutenant n’avait aucune crainte. Elle était prête.
L’art de la guerre n’a de secret pour personne. A ce titre, nous savons que la victoire dépend des cartes que nous avons en main. Lorsqu’une bataille s’annonce sanglante, certains abandonnent, tout simplement. Mais pour d’autres, la rédition est inacceptable…même si ils savent qu’ils vont devoir se battre…à mort.
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Nova Yzis
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeSam 17 Fév - 21:06



Le mensonge… Nova l’avait clairement identifié dans la voix de … Mancina… Elle savait que la femme mentait sur son identité, mais cela lui était presque égal. Mieux même, cela la satisfaisait presque. Car elle aurait eu honte de mentir face à quelqu’un qui lui, gardait la pureté de son âme… Une sorte de jubilation morbide s’empara d’elle, à l’idée que Mancina mentait aussi. Ce qui l’avait tant tourmentée il y avait quelques instant lui était à présent totalement égal. Seul lui importait l’action présente et ses dangers. Sur ses lèvres se dessina un léger sourire ironique. Cette situation puérile la faisait presque rire. Presque, car elle y risquait tout de même sa peau ! Mais elle ne pu retenir cette légère crispation, presque douloureuse, des lèvres, car le comique et le tragique se mêlaient étroitement en ce lieu.

En effet, toutes les deux à mentir, à tromper l’autre, tout comme au théâtre, où le but est de faire croire ce qu’on ne ressent pas. Et à présent, si quelqu'un voyait leur âme et leurs paroles, il se croirait à une tragédie théâtrale. Nova le savait, elle jouait son rôle à la perfection, d’autant plus qu’elle était obligée, si elle voulait survivre… De son côté, « Mancina » le jouait aussi assez bien… Très bien même… On sentait qu’elle avait de la volonté, qu’elle s’était presque convaincue qu’elle était réellement « Mancina ». Un tragique scène que celle-ci, car lorsque le rideau final retombera pour conclure la pièce, ce sera peut-être sur un cadavre, et celui-ci ne sera sûrement pas fictif…

A présent, elle n’avait plus le droit à l’erreur, du moins jusqu’à ce qu’elle juge digne de confiance « Mancina », afin qu’elle puisse lui faire la confession de son mensonge. Elle fut presque sur le point de demander quelle était sa véritable identité, mais elle ne le fit pas, retenant de justesse les mots fatidiques sur ses lèvres. Elle ne prononça pas ces funeste paroles car Nova aussi avait menti et que même si « Mancina » le savait, car elle était intimement persuadée qu’elle le savait, et bien la femme ne lui avait tout simplement pas posé la question par simple respect. Respect puéril du mensonge de l’autre, si habilement dissimulé, mais respect tout de même…

Puis il y avait eut l’épisode du kumquat… Nova avait ressentit une déflagration de sentiments, et elle était convaincue que « Mancina » avait éprouvée, sinon les mêmes, du moins des semblables… Ce contact fugace avait semé autant le trouble dans son esprit que dans celui de « Mancina ». Elle sentait que celle-ci était partagée entre deux lignes de conduites, totalement opposée l’une de l’autre, au frémissement presque imperceptible de sa main.

… Toujours cette ironie cruelle, où deux personnages aux idées totalement opposée se mentent, tentant désespérément de ne pas en venir à la violence. "Bien, alors je vais attendre avec toi jusqu’à ce que cette personne arrive…je ne voudrais pas qu’il arrive malheur à quelqu’un de mon clan. Tous les Excommuniés sont précieux." Ah ! Eh bien si tous les excommuniés étaient précieux… Elle n’avait aucun souci à se faire… Du moins tant que durera son illusion — presque — parfaite… Elle ne devait pas faire une seule faute, car dans cette phrase aux apparences anodines, était en fait dit implicitement : « Les autres, je n’en ai rien à faire, je préfère les voir morts plutôt que sur mon chemin… » Elle était prévenue…

Bien que la situation avait tendance à s’égaliser, « Mancina » prenant peu à peu conscience du pouvoir de Nova, la femme ne la prenait toujours pas comme son égal : elle s’était installée… Ce qui prouvait à Nova qu’elle méprisait le risque d’une attaque de sa part, étant presque sûre d’avoir le dessus en combat en corps à corps. De plus, Nova n’avait pas oublié le chuintement d’une lame que l’on sort d’un fourreau,avantage non négligeable lors d'un combat, qu'elle avait probalbement sortie dans le but soit de se défendre d’une attaque, soit, ce qui était beaucoup plus probable, de donner la mort sans aucune trace d’hésitation...

Et puis soudain, sans presque rien qui l’annonçait, « Mancina » l’avait traité comme son égal. Peut-être cette subtilité de la langue avait-il échappé à la femme, mais pas à Nova, qui était devenue experte dans l’art de décrypter toutes les informations sous-entendues du dialogue. Ce qui lui prouvait qu’elle n’était plus l’être inférieur qui pouvait être tué sans aucune considération, c’était que « Mancina » lui avait demandé son avis… On ne demande jamais son avis aux être inférieurs. On exige juste qu’ils fassent ce qu’on leur demande… C’est tout…


« Non, je n’y crois pas. Ce ne sont que des mythes inventés pour défendre ces montagnes contre l’assaut des curieux, car il doit s’y tramer quelque chose qui nous dépasse, et qui concerne uniquement les chefs ainsi que l’avenir des Religions. Je pense que tout cela a été inventé afin que personne n’y aille, et qu’on laissent ceux qu’y s’y trouvent tranquille, afin de leur permettre de trouver de nouveau moyens de destruction… Et toi. Tu y crois ? »

Elle avait brisé son profond silence qui jusqu’alors faisait foie et avait parlé d’une voix rauque, un peu comme celle de ceux qui parlent après une longue période de retour sur eux-mêmes, de mutisme absolu. Autour d’eux, de douces chansons s’élevaient à présent, et elle devinait que le soleil venait de se lever, d’autant plus que la chaleur commençait à augmenter, de façon presque imperceptible… Les oiseaux la réconfortaient. Depuis petite, elle était toujours en admiration devant ce miracle de la nature qu’est le gazouillement matinal. Elle adorait ce chant sublime, fruit de la seule improvisation, et en beaucoup de points supérieur à toute musique, religieuse ou non…

Elle finit rapidement son kumquat, et lasse de toujours se tenir debout, elle s’assit à côté de « Mancina ». Comment savait-elle qu’elle se trouvait à cet endroit et pas un autre malgré sa cécité ? A cause du bruit qu’elle faisait, et qu’elle ne pouvait empêcher malgré tous ses efforts, et que personne d’ailleurs ne peut empêcher (la respiration, le bruit des vêtements, et même celui presque inaudible d’un mouvement de la tête ou des bras…). Elle aussi s’installa confortablement. Elle pensa ensuite, que même si son intention primaire n’avait été que de se reposer, en s’asseyant à son tour, elle « prouvait » qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions…
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeLun 19 Fév - 13:39

Haru quant à elle, avait le plus grand mal à ne pas pousser un soupir exaspéré à l’écoute du pépiement matinal des oiseaux. Celui-ci l’avait toujours insuporté. C’était, selon elle, un des inconvénients de contempler un levé de soleil ; le gazouillement aigu et entrecoupé par intermittence de petits silences des volatiles la mettait, à la longue, dans un état d’agacement profond. Mais il faudrait passer outre pour cette fois. « Haru » n’aimait pas le chant des oiseaux ; « Mancina » aimait cette mélodie et l’écoutait avec ravissement. Aussi ne fit-elle aucun geste, ne prononça t-elle aucune parole qui pourrait trahir son ressentiment à l’encontre de la mélopée matinale.

La Louve était assise, confortablement installée le dos appuyé contre un morceau de roc, mais Nemesia restait toujours debout. Impossible de savoir où la jeune fille aux cheveux roses regardait, compte tenu de sa cécité. Cependant, après que la Lieutenant lui eut demandé ce qu’elle pensait de la légende, celle-ci répondit d’une voix rauque qu’elle n’y croyait pas du tout, et pensait au contraire que cette histoire avait été inventée pour dissuader les individus de se rendre dans les sommets afin d’en protéger d’autres. Haru regarda la belle d’un air intéressé. Demander son avis à quelqu’un servait toujours, sinon de le comprendre avec plus de discernement, à connaître un de ses aspects de sa personnalité.

En procédant à un récapitulatif analytique des paroles de Nemesia, la Louve put percevoir quelques données qui lui apportèrent une mince satisfaction. Ainsi, la jeune femme parlait d’une voix totalement égale, où l’hégémonie de la neutralité ne faisait aucun doute, ne laissant pas de place aux croyances. Bien qu’elle ne put encore rien affirmer, Haru émettait l’hypothèse que cette façon d’être n’avait rien d’Excommunié, encore moins de Kabadj d’ailleurs. Alors, il était probable que son interlocutrice soit une Indépendante. Evidement, ce n’était qu’une supposition…mais après avoir sondé la forme de la phrase elle s’attaqua à son fond. Ainsi, Nemesia pensait qu’il se tramait dans ces montagnes des événements relativement importants pour l’avenir des religions. Si ces paroles aux allures d’apophtegme reflétaient réellement son opinion, alors elle était peut-être venue pour tenter de mettre à jour ces fameuses activités secrètes et en recueillir des informations. Ce qui laissait plus ou moins supposer que la jeune inconnue avait un poste assez important dans sa communauté, du type espionne ou capitaine de section.

Après son petit laïus, Nemesia demanda en retour à Haru si celle-ci croyait à la légende. Cela la fit sourire. Y croire…Non, bien sûr que non, elle n’y croyait pas. Seuls des individus baignés dans une existence onirique pouvaient envisager sérieusement de croire à cette histoire. D’une voix calme et posée, en choisissant soigneusement ses mots, elle répondit:

"Non, je n’y crois pas non plus…Par principe, je ne crois que ce que je vois ou entends. Or ce n’est pas la première fois que je viens dans ces montagnes, et il ne s’y est jamais rien passé qui diffère de toutes les autres montagnes du pays."

Sa théorie, en opposition avec celle de Nemesia qui était exclusivement formée de conjectures, se basait sur des faits concrets et établis. L’esprit de la Louve était ainsi : elle ne raisonnait que par le solide, le substantiel, l’absolu. Pas de place pour le hasard, ni le destin ; les légendes, les mythes, les croyances, rien ne l’atteignait. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle était, intérieurement bien sûr, athée et non Excommuniée.

Haru renversa légèrement la tête en arrière et contempla un instant le vaste ciel d’azur indifférent, que ne rompait pas un seul nuage maintenant. Le firmament était clair et dégagé ; ça promettait d’être une belle journée. Etrangement, les inquiétudes de la Lieutenant avaient tendance à s’apaiser quand elle repensait à l’ironie de la situation ; deux jeunes femmes, diamétralement opposées, l’une douce et l’autre rigide, assises côte à côte, attendant on ne sait quoi…Cela rappela à la jeune femme son enfance et ses rêves. Longtemps alors, lorsqu’elle vivaient encore heureuse en compagnie de ses parents, elle avait cru naïvement à l’existence d’un monde équipollent. Dès l’événement tragique qui bouleversa sa vie, elle avait cessé de porter aux nues ce rêve illusoire. Elle était devenue impie cette nuit-là.

Mais pourtant, derrière cette façade droite et inflexible, Haru était quelqu’un de profondément triste et sombre qui ne demandait qu’une chose : trouver le repos. Etancher la soif insatiable de son âme. Mais cela, elle ne l’aurait accomplit que lorsqu’elle aura tué tous les Kabadj vivants sur cette terre. Cependant, avait-elle réellement besoin de se comporter ainsi avec Nemesia ? Pourquoi cette jeune femme la troublait-elle tant ? La Louve avait envie de jeter à bas leurs masques, de déclarer « ca suffit, maintenant, les mensonges, parlons-nous face à face, devenons amies » mais elle ne le pouvait pas, elle le savait.

Tandis qu’une petite brise soufflait sur les deux jeunes gens, ébouriffant leurs cheveux, Haru expira puis demanda d’un air docte:


"Que fait ton contact ? Elle tarde à te rejoindre…"
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 20 Fév - 16:52

Qu’elle était bien assise ! Le roc semblait moelleux comme du velours, douillet comme un lit de plumes. Sur son visage soufflait une légère bise qui la rafraîchissait agréablement. Elle laissait ses pensées voguer, ayant presque oublié la présence de « Mancina ». Qu’elle était à son aise… Tout danger semblait écarté, et une impression de sécurité s’empara d’elle. Elle ne savait même pas pourquoi elle pensait cela, mais elle avait l’impression qu’à présent, si elle dévoilait son identité à « Mancina », celle-ci ne la tuerait pas… Pourquoi croyait-elle cela ? Sur quel fait autre que sa simple imagination pouvait elle se baser pour prouver ce qu’elle avançait ? Sur rien. Et c’était justement cela qui la confortait dans ce qu’elle pensait : c’était son instinct qui le lui disait, celui qui l’avait tant aidé autrefois à déjouer les pièges sordides que se plaisaient à lui tendre ses concurrents pour le pouvoir suprême des Indépendants.

Quel choix difficile ! Faire tomber tout de suite les masques, sans prendre la peine d’envisager les réactions de « Mancina » ? Non… Même si son instinct lui conseillait ceci, elle ne pouvait le faire sans prendre une grosse part de risques. En effet, même si elle pressentait obscurément que « Mancina » aussi en avait assez de jouer une comédie tragique, dont la fin n’était envisagée par aucun des protagonistes, Nova ne pouvait se permettre d’abaisser son masque, qui la protégeait si efficacement contres les attaques éventuelles dues à son athéisme… De plus, elle ne se sentait pas prête pour un combat. Car pour un voyant, un combat, c’est si simple ! On regarde bien, on fait des feintes, et on tue… C’est tout… Or, pour un aveugle, la réalité est bien différente. Le non-voyant doit mobiliser toute sa volonté, voir avec ses oreilles, mais pas seulement avec elles, mais voir aussi avec son âme. Or, ceci demandait un prodigieux effort de concentration. Et aujourd’hui, Nova n’avait pas cette concentration minimum requise… Peut-être à cause des oiseaux dont le doux pépiement affaiblissait sa volonté…

Mais que faire ? Toujours ce choix manichéen… Si elle se trompait, elle doutait qu’elle aurait une deuxième chance… « Mancina » avait pourtant presque affirmée sa liberté totale de croyance… Il ne fallait pas être aveugle pour voir cela… Elle avait dit « Par principe, je ne crois que ce que je vois ou entends » et cela avait pétrifié Nova. Car, par définition, la religion est justement l’adoration de ce qu’on ne voit pas et de ce que l’on n’entend pas… Cela la confortait dans son idée de tout révéler à « Mancina » et de voir ce qui se passerait ensuite… Mais toujours ce risque immense… Depuis quelques minutes déjà, cette idée revenait, obsédante, comme un leitmotiv infernal… Et puis après tout ! Que risquait-elle ? Pas grande chose, si ce n’est cette minuscule étincelle presque insignifiante à vrai dire, qu’est la vie… Ironie… Toujours toi ô ironie qui revient encore et toujours, semblant gouverner cette scène en maîtresse absolue...

D’accord pour risquer ma vie. Mais avant… réduisons les risques…, pensa-t-elle. Nova eut soudain l’idée de tendre un « piège verbal » à « Mancina ». Aussitôt, elle se dit que c’était une bonne idée, mais que son point faible — car toutes les idées géniales ont toujours un point faible — c’était que Nova n’avait pas encore trouvé le piège verbal à tendre à « Mancina »… Et elle n’avait aucune idée de quelle question elle pourrait poser, afin de s’assurer que la femme était bien libre de sa religion, qu’elle n’était sous le joug d’aucun de ces faux dieux… Alors… En attendant… Autant gagner du temps… Non ! C’était bon ! Elle l’avait trouvée sa fameuse question… Ce serai à moitié pour savoir si elle ne croyait en rien, et « Mancina » pourrait elle aussi profiter de cette occasion pour révéler à Nova sa véritable identité…

« Par principe, tu ne crois que ce que tu vois ? Comment fais-tu pour croire aux Dieux alors ? »

Voilà… Maintenant, seule la suite des évènements saurait donner la réponse à Nova. Elle ne pouvait plus rien faire, sinon faire semblant de regarder « Mancina » avec ses yeux vides, en espérant qu’elle avoue son mensonge… Tout serai si facile si Nova n’avait pas menti… Mais elle se souvint qu’alors, elle risquait sa vie si elle disait la vérité, tout comme maintenant…

Et puis c’en était assez à la fin ! Nova en avait marre ! Elle n’en pouvais plus de ces faux-semblant, ce cette mauvaise pièce de théâtre où elle ne pouvait pas dire ce qu’elle pensait, faire ce qu’elle voulait ! Elle en avait assez que ces actes soient dictés par la peur de mourir ! Elle n’en pouvait plus de supporter sur ses épaules le poids immense du mensonge, et ne pouvait plus endurer cette sensation de picotements de provoquait sur sa peau, même si elle ne le voyait pas, le regard de « Mancina ». Après tout, si elle ne lui disait pas la vérité maintenant, elle ne la dirait jamais… C’était sa seule chance. Alors, il fallait à tout prix la saisir, foncer tête baissée, et mettre de l’éloquence dans ses paroles, que « Mancina » verse au moins un larme devant ce qu’elle avait à dire, car sinon tout était perdu…

« Mon contact ? C’est toi … (elle se mit debout, sans trop savoir pourquoi, dans cette position qu’elle n’avait jamais vu mais qui pourtant était commune à tous ceux qui possédaient un lyrisme étonnant dans leur discours) Oui, c’est toi ! Tu as bien entendu… C’est toi, car je ne sais pas si tu veux l’admettre, mais lorsque tu m’as tendu le kumquat, j’ai ressentit une déflagration de sentiments, ainsi que toi, j’en suis sûr… Comment je le sais ? Parce que vous, les voyants, vous n’attachez que trop peu d’importance à vos autres sens. Pour vous, le seul utile dans la vie, c’est la vision, et sans elle vous êtes perdus dans le noir… Moi aussi, au début de ma cécité, j’avais peur. Mais ensuite, j’ai réapprit à vivre, et je devine presque plus de chose que vous… Et c’est ainsi, uniquement avec mes autres sens, ainsi qu’avec mon instinct, qu j’ai comprit que tu avais éprouver le même sentiment indéfinissable que moi. J’ai senti que nos deux destins étaient étroitement entremêlés, tout comme le lierre. Soit nous serons ennemis à jamais, et aucune distance ne sera jamais assez longue pour calmer notre haine, soit nous serons des alliés inséparables, qu’aucun obstacle n’arrêtera jamais… Et tant que nous en sommes aux aveux, je ne me nomme pas Némésia quelque chose, mais Nova Yzis, et c’est avec fierté que j’arbore mon nom, moi, chef des Indépendants… Voilà ! Tu sais tout. Tu connais ma véritable identité, ma véritable religion… Fais ce que tu veux… Tue moi plutôt que de me laisser libre si tu ne daignes pas comprendre mon âme, et mes sentiments les plus tourmentés… Car sinon, ma haine pour toi sera incommensurable, et je ne lasserai jamais de te poursuivre. Tu ne peux pas laisser ainsi une aveugle dans le noir de la cécité ainsi que dans celui de la solitude… Ce serai sans pitié aucune… (Elle tendit la main vers « Mancina », dans l’espoir que celle-ci la saisirait, acceptant ainsi sa demande d’amitié…) Choisis. Ma main… ou ton épée… »

Quitte… ou double…
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Haru Nevoriac
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 20 Fév - 20:17

Elle était si bien, assise confortablement, en train de se faire dorer la pilule au soleil…Elle était si bien, et pourtant…

Et pourtant, quelques minutes auparavant, Haru n’aurait jamais pu se douter que la rencontre entre elle et Nemesia allait aboutir à une telle situation.
Après avoir posé sa question à la jeune femme, elle avait attendu tranquillement une réponse, mais ce n’était pas les paroles qu’elle avait espéré entendre qui étaient sorties de la bouche de la jeune aveugle. Non, c’était une question, une question oratoire qui plus est, dissimulant un piège sous-jacent remarquablement agencé. Avant d’avoir pu dire quoi que ce soit, la Louve s’était retrouvée prise au piège. Elle s’était trahie. Nemesia avait vu juste. En effet, si elle ne croyait que ce qu’elle voyait, comment pouvait-elle avoir foi en les dieux ?

La Lieutenant sentit son rythme cardiaque s’accélérer et ses joues s’empourprer. Elle avait été négligeante et c’était ce qui avait provoqué une brèche dans son alibi. Comment avait-elle pu se découvrir si facilement ? N’avait-elle pas réfléchi à ses propres paroles avant de les prononcer ?
Et que répondre maintenant ? S’en sortir habilement : c’était un objectif très important au vu de la situation actuelle. La Lupinal réfléchit intensément à un moyen de rattraper le coup efficacement. Changer de sujet ? Non, cela ne dissiperait pas pour autant les doutes de Nemesia. Lui dire la vérité ? Encore moins…ce n’était pas vraiment une solution adéquate.

Mais heureusement, Haru n’eut pas à répondre. Car à ce moment même, la belle aveugle aux cheveux roses se levait et répondait à sa deuxième question. « Mon contact, c’est toi » avait-elle dit. La jeune femme la regarda avec des yeux surpris. Elle ? Comment ça ? Elle s’apprêtait déjà à hocher la tête en signe de dénégation, mais Nemesia continua sur sa lancée dans un long discours qui fit frémir la Louve. Elle entendait soudain ce qu’elle voulait entendre depuis des années ; chacune des paroles de la non-croyante lui faisait l’effet d’une flèche en plein cœur. Tout, le monde, ses sensations, son lien avec Nemesia tel qu’elle le percevait ; tout était décrit plus vrai que nature, et chaque mot était porté à ses yeux comme un message d’images et de sons, intensément, vivement, profondément.

La fin de la tirade la laissa sans voix.


"Nov..a…Yzi…s…"
répéta t-elle ébaubie en restant coi, regardant la jeune fille comme deux ronds de flancs. Haru sembla soudain prendre compte de la situation et s’inclina bas devant l’aveugle, en signe de déférence.

"Agréez, Dame Yzis, mes salutations ainsi que mes plus sincères excuses…pardonnez mon insolence…j’ignorais que je m’adressais à une personne de votre rang et je ne vous ai pas considérée comme telle…Ma faute est condamnable, je m’en repentirais…"

Haru s’était adressée à Nova d’une voix très officielle et solennelle, celle que prennent les militaires quand ils s’adressent à un supérieur hiérarchique. Et il y avait plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, parce que la Lieutenant ne voulait pas s’en faire une ennemie : le commandant Gil’Dillian pourrait avoir l’envie de reconsidérer la perspective d’un pacte d’alliance avec les Indépendants. Il était donc de son devoir d’assurer le contact entre les deux religions. De plus, la personne qui se trouvait en face d’elle, bien que n’appartenant pas au même monde, partageait les mêmes idéologies. Elle était athée, la Lupinal l’était aussi…Elle détestait probablement les Kabadj, et c’était également le cas pour Haru…c’était la première fois de sa vie qu’elle rencontrait quelqu’un d’impie, que la religion répugnait. Elle en fut à la fois heureuse et agitée.

"Je…je m’appelle Nevoriac, je suis le Bras Droit du sieur Krago Gil’Dillian, chef des Excommuniés. "

La Louve ne savait plus que dire, partagée entre la conduite à adopter. Qu’avait-elle fait, bon sang, qu’avait-elle fait ? Elle s’était ouvertement joué de la jeune femme sous son identité de Nemesia, elle l’avait même clairement menacée ; celle-ci devait être dans une colère noire, et si c’était le cas, Haru ne donnait pas cher de sa vie, et encore moins du pacte d’alliance. Avec angoisse, elle attendit une réaction de son interlocutrice, se demandant quelle attitude celle-ci allait adopter. Elle avait beaucoup entendu parler de la grand Nova Yzis, mais ne savait presque rien sur son caractère…
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeJeu 22 Fév - 18:26

L’apaisement... Les masques étaient tombés sans effusion de sang... Nova ne put retenir un soupir de soulagement... Mais une sorte d’embarras continuait de persister, tout comme l'araignée maligne qui refuse que quitter sa toile, même si sa vie est en danger. Là, c'était une gêne sournoise, rampante, dont Nova n'avais aucune idée de la source... Peut-être était-ce parce que les postes les plus importants étaient réunis ici. Mais Nova ne pensait pas que ce soit cela... Elle se doutait que ce malaise était dû à la raideur de Haru.

— Ah ! Quel bonheur de savoir le véritable nom de son interlocutrice ! Haru, Haru, Haru ! Elle avait envie de chanter ce nom pour l'éternité... —

Elle s'apercevait à présent que toutes ses intuitions précédentes sur la véritable identité de la femme étaient parfaitement fondées. Elle avait devinée que Haru était une militaire (haut placée) et qu'elle masquait sa véritable identité... A tel point qu'elle ne fut presque même pas surprise lorsque la femme déclina sa véritable identité... Haru Nevoriac, Bras Droit du chef des Excommuniés... Après tout, elle s'en moquait presque. A l'instant où Haru lui avait dit la vérité, elle était heureuse, et elle l'aurait été de même si la femme lui avait annoncée qu'elle était simple fille de serf...

Qu'elle était bien à présent ! Le poids qui lui pesait sur la poitrine depuis le début de cette rencontre s'était totalement volatilisé. Envolé, disparu. Il ne restait plus de sa trace qu'une légère sensation de stress, qu'elle ne ressentait presque même pas... Elle sentait le soleil matinal sur sa peau, la réchauffant avec douceur, comme un amant le ferait avec son corps, et la douce bise faisait voler avec plaisir ses cheveux roses, si elle se souvenait bien de son reflet. Roses... Ils étaient roses... Elle s'en souvient parfaitement, mais cela ne veut plus rien dire à présent... Plus de couleur, plus de ton, plus d'images... noir...

Et elle n'allait sûrement pas laisser ce noir "vide". Elle voulait "voir" une autre personne, et cette personne c'était Haru. Mais comment la voir avec ses yeux ? Elle ne le pouvait pas... La seule façon, autre que celle de l'imaginer, c'était de recourir à ses sens, de reprendre le geste inachevé du début de leur rencontre. Alors elle s'accroupit, et de sa main tendue toucha de nouveau le visage d'Haru. Ca y est, elle la "voyait" enfin... La respiration rendue haletante par l’émotion, elle découvrait pour la première fois le visage de son interlocutrice.

Un nez fin… Des lèvres pulpeuses… Une mèche pendante sur le front, ornée de … pierres ? Oui, c’est cela, de pierres, de perles… Même si elle ne peut la voir, Nova sait que la femme est belle, voir excessivement belle, et qu’elle n’aurait aucune difficulté à se créer une véritable cour, formée de prétendant avide d’un seul de ses regard. Elle aurait pu… Mais Nova était intimement persuadée que ce n’était pas dans la Nature de Haru de faire cela, qu’elle était une indépendante dans l’âme, et que rien ne lui importait plus que sa liberté totale, bien qu’elle doive remplir les exigences d’un haut poste militaire…

Quelle émotion ! Voir enfin la personne qui l’avait menacée de mort ! Mais finalement, elle ne lui en voulait pas… Etrange… Elle ne parvenait pas à ressentir de la rancune pour Haru, bien que celle-ci ait failli la faire passer au fil de l’épée… Non, elle ne ressentait pas de la haine pour elle, mais presque de … c’est idiot à dire, mais de l’amour. Oh ! bien sûr, pas de l’amour comme ces amants qui n’hésitent pas à s’embrasser, mais un amour presque fraternel, et uniquement basé sur son instinct. Elle savait, maintenant que les masques étaient bel et bien tombés qu’elle pouvait entièrement se fier à Haru, car celle–ci avait une âme droite…

Une âme droite peut-être… mais un peu trop sévère, et pas assez de fantaisie remplissait son cerveau, elle réfléchissait trop en « adulte »… Alors c’était à Nova de faire quelque chose, afin d’égayer un peu sa nouvelle compagnie… Alors, elle se releva brusquement, prit la main d’Haru — elle tomba dessus presque immédiatement — la tira vers elle afin de la relever, et se mit à courir, chose risquée lorsqu’on est aveugle sur un terrain aussi inégal que celui des montagnes…


« Viens ! cria-t-elle à l’intention d’Haru, suis moi ! »

Allait-elle la suivre ? Ou allait-elle rester là, à continuer de se dorer au soleil ? Si elle choisissait la dernière option, Nova savait qu’elle ne la retrouverai jamais, car le noir de la cécité ne s’éclaircit pas soudaine pour retrouver une amie ! Aussi, saisissant tout à coup le risque qu’elle prenait, elle s’arrêta, et se mit à attendre impatiemment Haru. Qu’allait-elle faire ? C’est le cœur battant qu’elle guettait le moindre bruit annonçant la venue de Haru…
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeVen 23 Fév - 19:04

Au final, la chef des Indépendants ne semblait pas lui en vouloir outre mesure, même si Haru l’avait clairement menacée de mort. Celle-ci, conformément à son habitude, procéda à une rigoureuse analyse de cette réaction, et en déduisit que Nova Yzis était quelqu’un de relativement calme, doux et compréhensif. La Louve s’en sentit soulagée, de même que lorsqu’elle lui avait révélé sa véritable identité. Tout auparavant n’était qu’hypocrisie, comme dans une grande comédie théâtrale. Et puis cette grossière mascarade s’était terminée. Les masques étaient tombés, révélant deux individus différents.

Proches par leur nature même, ou diamétralement opposés ? La question restait à débattre. Car si les deux jeunes femmes étaient des personnalité importantes au sein de leur clan respectif, elles étaient toutes deux athées, et c’était la toute première fois dans sa vie que la Lieutenant rencontrait quelqu’un qui partageait, du moins un tantinet, la même théorie philosophique de la vie. Elle se sentit tout à coup plus proche de Nova qu’elle ne l’avait été de n’importe qui ; à part, peut-être, ses parents. Qu’allait-il advenir ? Pourrait-elle approfondir ce « lien » qui l’unissait à la jeune fille aux cheveux roses ?

L’Indépendante aussi semblait soulagée…à tel point qu’elle s’accroupit devant Haru et, avant que celle-ci n’ait pu prononcer une parole, se mit à palper son visage sous tous ses angles, survolant de sa main plus douce que la soie tous les reliefs, toutes les détails. La Lupinal se savait belle et bien faite de sa personne ; d’ailleurs, nombre de mâles lui avaient déjà tourné autour bien des fois. Elle-même se fichait totalement de l’autre sexe ; elle était quelqu’un de profondément solitaire, et ne croyait pas non plus en l’amour. Non, c’était autre chose…autre chose qui lui étreignait le cœur en ce moment, tandis que Nova, au vu de sa cécité, pouvait enfin la « voir » véritablement.

La Louve n’appréciait guère de rester immobile avec une main inconnue plaquée sur le visage. C’était un vieux réflexe instinctif, qui lui faisait sentir ô combien elle était à la merci de Nova dans cette position. Si elle le décidait, la jeune femme pouvait l’attaquer à tout moment. Haru ne serait alors pas en position avantageuse pour riposter. Encore et toujours cette manie d’analyser scrupuleusement les choses qui l’environnait et de les traduire en données militaires que son cerveau assimilait…Elle ne pouvait, malheureusement, pas s’en défaire, même si elle avait voulu. Pas après de si longues années.

Son examen terminé, la dirigeante des Indépendants se leva et tira la main de la Lieutenant pour qu’elle fasse de même. A ce contact, celle-ci frémit. De quoi ? Elle n’en savait rien. Cela ne ressemblait ni à de l’angoisse, ni à de l’antipathie. Non, plutôt le contraire, en vérité. Elle ouvrit la bouche pour parler mais Nova s’était déjà mise à courir, ce qui au vu des circonstances n’était guère prudent pour une aveugle. La jeune femme aux cheveux roses lui cria de la suivre, l’attendant impatiemment.


"Ah…euh…j’arrive" fit Haru d’une voix égale et, prenant son épée et son sac, elle rejoignit l’anarchiste en quelques bonds.

Compte tenu de sa capacité à voir et de son agilité conférée par son appartenance à la race des Lupinal, la Lieutenant n’avait aucun mal à se mouvoir parmi les rocs, bien que ceux-ci roulaient sans cesse, offrant un sol instable et mou sous les pas. Mais il ne devait pas en être ainsi que Nova et la jeune femme, en la rejoignant, demanda:


"Dame Yzis, où allez-vous ?…Il n’est guère prudent de…"

Elle s’interrompit aussitôt, ses joues rosissant légèrement sous l’audace de ses propres paroles. Oui, après tout, qui était-elle pour donner des conseils à une personne plus gradée ? Qui était-elle pour reprendre les gestes de la jeune femme ? Elle n’avait aucunement le droit de se permettre un tel affront. Et puis, même si Haru se sentait sentimentalement plutôt proche de son interlocutrice, peut-être que Nova, elle, ne l’entendait pas de cette oreille. Sa remarque avait été impertinente ; or il ne fallait en aucun cas que celle qui dirigeait les Indépendantes aie une mauvaise opinion d’elle. Le contact devait passer si elle voulait ne serait-ce qu’envisager la perspective d’une alliance avec le clan épar…

"Désolée"
murmura la Louve d’une voix presque inaudible.


[Je m'excuse pour la qualité plus qu'execrable de ce post T_T )
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeDim 13 Mai - 18:12

Pourquoi être désolée ? Je ne comprend pas… Vous n’avez rien fait de mal…

En disant cela, la voie de Nova avait prit cette inflexion qui lui était si particulière, ce ton si doux, si affectueux qui lui était propre.

Nova ne comprenait pas. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi Haru restait si distante si froide. Si seulement elle savait ! Si seulement elle savait que si Haru lui semblait si indifférente, c’était parce que sa Vie l’avait éduquée ainsi, et qu’elle avait mieux retenu cette leçon que la leçon donnée pr n’importe quel père, par n’importe quel mère, ou maître d’école. C’était la leçon de la Vie, une leçon qui vous marque si profondément que personne ne peut jamais l’oublier.

Nova aussi avait eu sa leçon, il y a des années. Cette leçon lui avait apprit à se battre, à faire front. Jamais depuis lors, elle n’avait baissé les bras. Jamais elle n’avait supplié un ennemi. Jamais elle n’en avait laissé un vivant… C’est avec cette ligne de conduite si droite et sévère qu’elle était parvenue à se tailler un réputation accomplie de chef, auquel il valait mieux obéir.

Mais elle était loin de se douter que la leçon de Haru avait été encore plus rude que la sienne. Car Haru avait connu l’Amour, et l’avait perdu ensuite. Tout comme il est facile pour un aveugle de naissance de vivre avec son handicap, il est facile de vivre lorsqu’on n’a jamais ressentit autour de soi une présence affective. Mais celui qui fut aveuglé en cours de vie, lui se souffrira durant tout la durée de son existence, car il se souviendra parfaitement de ce qui sera pour lui l’Inaccessible.

Mais Nova n’en savait absolument rien. Et c’est en tout innocence qu’elle posa à Haru la question fatidique de ses origines. Voici comment cela se passa.

Nova avait tenue compte de l’avertissement d’Haru, qui lui déconseillait de courir. Même si cela la faisait bien rien au fond d’elle, car elle avait déjà couru sur des chemins plus accidentées que celui-ci, elle reconnu que le conseil d’Haru était la voie de la raison. Elle s’arrêta donc, immédiatement, et aussi peut-être un peu stupidement. Il est vrai qu’elle avait l’air un peu niaise dans cette posture, si droite, si inflexible. Elle semblait avoir été stoppée net dans sa course, et Nova sentait que sa posture devait être hilarante.
Alors elle ne trouva rien de mieux à faire que d’éclater d’un rire homérique, qui fit trembler le ciel et la terre réunis. Elle s’arrêta subitement, ayant conscience qu’elle pouvait déclencher une avalanche, à rire ainsi… Mais le torrent impétueux du rire ne se contentait pas de la frêle digue de la Peur, et son hilarité reprit de plus belle… A l’idée qu’elle devait paraître un peu folle, à rire bêtement, sottement, elle s’arrêta aussitôt.
La digue de la Honte est bien plus résistante que celle de la Peur.

Puis elle se dirigea vers Haru, avec un sourire qui flottait encore sur ses lèvres.

Voyez, je suis un peu folle, mais je vous ai écouté. Vous aviez raison, il n’est pas très prudent de courir dans la montagne, d’autant plus qu’il a plu, dernièrement, et les roches sont encore un peu humide. Vous rendez vous compte ? vous venez peut-être de me sauver la vie. Je vous déclare, dit-elle avec un air solennel, mais qui ne tarda pas à se fissurer en un gigantesque éclat de rire, Chevalière de la Garde des Indépendants ! Ironique n‘est-ce pas, reprit-elle après avoir reprit son sérieux. Décorée par la Nation ennemie. Mais la vie est ironique Haru. Vous ne le pensez pas ? D’ailleurs, qu’elle a été votre vie. Raconter moi tout. Je veux tout savoir, et après je vous raconterai la mienne. D’accord ?

Et voilà. Elle avait eut le malheur de poser une question bien douloureuse… C’était une des rare fois où Nova avait étrangement manqué de tact. Car d’habitude, elle agissait toujours avec douceur, posait toujours les questions qui ne risquaient pas de faire de vagues. Mais tout à sa joie, elle avait oublié de déceler dans le souffle précipité d’Haru une nuance de peur qui aurait fait oublier à Nova de poser sa maudite question…
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 15 Mai - 19:53

Haru était soulagée de voir que Nova Yzis ne semblait pas lui en vouloir – bien qu’il fut indubitablement impossible pour elle de cerner avec exactitude les pensées d’une aveugle…- au contraire, la jeune fille aux magnifiques cheveux roses avait même suivi son conseil et s’était immobilisée en plein mouvement, comme un arrêt sur image, en une posture pour le moins étrange…le tout avait quelque chose de comique qui aurait volontiers fait rire le Bras Droit des Excommuniés si elle n’était pas déjà de nature sombre et taciturne.

Mais le Chef des Indépendants semblait trouver cela encore plus hilarant qu’elle, et Nova explosa d’un rire puissant, en contraste total avec sa personne fragile et douce. Haru eut un convulsif mouvement de recul, plus par réflexe que par autre chose, surprise par cette explosion de décibels dont elle ne parvenait pas à visualiser la raison…Car la jeune femme en face d’elle ne pouvait pas voir son propre corps…peut-être était-ce pour une autre raison qu’elle riait ainsi ?

De la même façon qu’il était commencé, le rire s’arrêta subitement, laissant dans l’air un silence qui apparut comme pesant. La Louve resta totalement immobile, un peu sidérée, ne sachant que dire. Heureusement, elle n’eut aucun mouvement à faire puisque bientôt, Nova revint sur ses pas et se dirigea vers elle. Haru nota avec une certaine incompréhension que la Chef des Indépendants la vouvoyait maintenant, après l’avoir tutoyée. Décidément, elle n’arrivait pas à la cerner…

…et cette impression fut encore renforcée quand Nova qui, après avoir déclaré qu’elle lui avait sauvé la vie, partit d’une autre crise de rire en la nommant ironiquement Chevalière de la Garde des Indépendants. Haru ne sut que faire et garda le silence, stupéfaite et gênée, ses joues de porcelaine se teintant d’un rose délicat. Lui raconter sa vie ? Mais…premièrement, elle ne se voyait pas raconter sa vie à une parfaite inconnue, et deuxièmement, ce serait des renseignements pour un camp qui n’était pas le sien…

Mais paradoxalement, la Louve ne s’imaginait pas en train de mentir une nouvelle fois à Nova Yzis, maintenant que tout était dévoilé. Si elle voulait forger avec la jeune aveugle une relation un tant soit peu honnête, il lui faudrait se baser sur une confiance mutuelle. Gardant le silence un instant, les joues de plus en plus rouges, Haru chercha ses mots. Par où commencer ? Il y avait tant de choses à dire sur sa vie…enfin, après quelques hésitations, elle décida de répondre en disant la vérité, sans trop s’étendre cependant. Ce fut bref.


"Je…Mes parents étaient des espions envoyés en territoire ennemi par les Excommuniés afin de recueillir des informations. J’ai donc grandi au milieu des Kabadj…mais ceux-ci ont fini par découvrir la vérité, et ils ont aussitôt exécuté mes parents…J’ai pu m’échapper et j’ai atteint Farlez quelques années plus tard…je suis devenue Bras Droit de Krago Gil’Dillian…"


Oui, très bref mais en tournant son récit ainsi la Louve avait trouvé un moyen d’inclure dans la conversation son supérieur hiérarchique. Maintenant, elle pouvait enchaîner sur l’idée d’un traité avec les alliés potentiels qu’étaient les Indépendants. Après quelques secondes d’un silence lourd de sous-entendus, Haru releva la tête et contempla une nouvelle fois la cascade de cheveux rosés de Nova. Décidément, elle lui faisait vraiment penser à sa mère…
Elle se reprit en secouant la tête et demanda :

"Pardonnez-moi, Dame Yzis, mais…il semble que votre clan et le mien ait des intérêts communs en ce qui concerne les Kabadjs…en ces conditions…et prenant en compte le fait que les adeptes de cette religion sont de plus en plus nombreux…il n’est pas très avantageux pour nous de nous permettre des contacts…disons…agressifs…"

Négocier un traité n’était pas chose aisée : il fallait argumenter, persuader, convaincre. Haru s’en était toujours sortie sans trop de mal. Cependant elle se trouvait actuellement devant la directrice des Indépendants elle-même : elle n’avait donc le droit au moindre faux pas, à la moindre erreur.
Comment allait réagir Nova Yzis ? Le Bras Droit des Excommuniés retint son souffle en attendant une réponse.



[Faudra qu'on veille à une fin qui colle avec mon topic de la Salle des Conseils^^]
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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeMar 15 Mai - 21:48

La première réponse qui lui vint à l’esprit fut un « non ». Un non catégorique, sans appel. Les Indépendants étaient les Indépendants. Et c’était bafouer cette nature que d’envisager en pensée seulement de faire un pacte avec les Excommuniés. De plus, s’ils étaient Indépendants, c’était bien parce que tous, Excommuniés autant que Kabadj, avaient refusé de jouer la carte de la main tendue. A présent, voyant que le clan des Indépendants prenait de le taille, de l’importance, les Excommuniés se penchaient soudain vers eux, dans l’espoir qu’en leur tendant la main, les Indépendants seraient assez stupides pour accepter… Elle les méprisait, eux, tous ces hommes pour qui la religion n’avait été qu’un prétexte afin de se tuer…

Elle en méprisait presque Haru. Elle avait ressentit dans sa voix une nuance de vilenie, de bassesse, de fourberie. Oh ! une bien faible nuance, il est vrai. Mais ce ton était voilé. Il ne résonnait plus aussi clair dans son esprit qu’auparavent. Il ressemblait à ces immenses cloches fêlées, provoquant des sons discordants…
Haru était fourbe, elle pensait encore à ses intérêts et à ceux de son clan. Mais Haru était obligée de suivre cette ligne de conduite, qui lui avait sans doute été dictée par ses chefs. Elle avait peut-être voulue se défendre, refuser, mais avec son éducation militaire, elle avait été obligée de suivre cet ordre, même s’il ne lui plaisait pas. Peut-être même Haru espérait qu’elle refuse.
Non… Il fallait se l’avouer : elle était déçue… Elle avait espérer qu’elle pourrait trouver en Haru une personne pouvant s’affranchir des règles de la communauté. A la place de cela, elle n’avait trouvé qu’une femme docile, sans convictions…
En posant cette question pendant une discussion personnelle, intime presque, Haru avait violé les lois régissant les parlementaires. Elle, une militaire, haut placée qui plus est, ne savait-elle pas que ces demandes devaient être officielles, régies par des tonnes d’argument, et qu’il ne suffisait pas de demander simplement, sur le même ton qu’on aurait demander à avoir le sel, ou le pain, de demander à deux peuples au destin et au idées totalement opposées de s’allier.
Mais quand bien même Haru lui aurait proposé la demande d’alliance le plus officiellement possible, elle aurait refusée.


« Non. Je refuse. (elle marqua un temps d’arrêt.) Haru… Pourquoi avez-vous posé cette question ? Pourquoi avoir décidé de vous avilir ainsi ? Pourquoi ? Pourquoi m’avoir trahie… Je ne comprend pas… »

En disant ces mots, Nova ressentit une douleur dans ces yeux, comme si un poignard brûlant fourrageait dans ces globes qui ne devaient plus jamais voir… Puis, elle ressentit une sensation humide sur les joues, et un goût salé à l’encoignure des lèvres. L’instant d’après, elle comprit qu’elle pleurait…

Elle pleurait de n’avoir su éviter cette question, qui l’avait tant bouleversée… Elle pleurait sur la bassesse des Hommes, qui contaminait même les plus purs et les plus honnêtes d’entre eux. Elle pleurait pour Haru, qui était une de ces femme là.

Mais…
Elle avait totalement méprisée les paroles d’Haru, avant la demande d’alliance. Elle les avait oubliée, et avait totalement oublier de lire leur deuxième sens, celui que personne ou presque ne comprend… Malgré ce pitoyable aveux, qui n’avait pas duré quelques secondes, Nova sentait qu’il y avait « autre chose ». elle ressentait qu’Haru se contentait d’utiliser des mots banals pour exprimer un passé qui la faisait sangloter en elle-même. Un passé violent, plein de hargne et de sang. Un passé où rien n’était sûr, et encore moins la vie…

Alors, ce ne fut plus Haru qu’elle méprisa, mais elle-même. Elle et son immodestie. Elle et sa terrible insouciance pour tout ce qui ne la touchait pas… Elle s’en voulait d’avoir dénigré Haru, il y a quelques instants. Elle s’en voulait de l’avoir méprisée. Car elle aurait sûrement fait pareil à sa place. Si ce n’est qu’elle aurait posé la question avec plus de tact, plus de douceur. Mais le fond était le même. Haru et elle étaient pareilles.


« Pardon… Je n’aurait pas dû dire cela… Excusez moi… »


Que le contraste était saisissant entre la jeune fille, qui, quelques instants plus tôt riait aux éclats, le visage brillant de joie, et cette femme terne, au visage indécis, où perlait une seule et unique larme, qui traçait sur la joue de Nova un sillon mordoré…



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MessageSujet: Re: Quand parut l'aube aux doigts roses   Quand parut l'aube aux doigts roses Icon_minitimeDim 3 Juin - 22:59

Le cœur d’Haru battait la chamade en attendant la réponse de Nova Yzis, tandis qu’elle sentait perler sur son front une goutte de sueur, laquelle descendit lentement le long de son visage et s’écrasa parmi la roche avec un petit bruit mat. Elle espérait de tout son cœur que la Dame accepterait, ou tout du moins, qu’elle envisagerait avec sérieux cette proposition de conciliation. Et puis, il n’était pas question d’un traité d’Alliance immédiatement : peut-être un pacte de non-agression aurait-il été déjà un bon début, histoire de rapprocher en douceur leurs deux tribus…leurs deux clans…Oui, cela pouvait marcher ; ils joindraient leurs forces et, à eux deux, parviendraient à leurs objectifs finals…Oui, ils pouvaient…

Mais non. Non, elle se faisait des idées : si les Indépendants se nommaient ainsi, c’est qu’ils n’avaient besoin de rien ni personne, encore moins d’un soutien des Excommuniés qui aurait pu leur paraître insultant. Les seconde s’étiraient tandis que la Dame Nova Yzis réfléchissait à sa proposition, et Haru, le souffle court, la regardait avec anxiété. Elle dut lire le cheminement de sa pensée sur son visage car, comme pour confirmer ses craintes, la magnifique aveugle lui communiqua, après quelques instants de silence, un implacable « non ».

La respiration bloquée de Haru se relâcha ; pas en un soupir de soulagement, mais un soupir de déception, à peine perceptible, si inaudible que même les oreilles exercées de Nova Yzis ne l’entendirent pas. Puis aussitôt après, la Commandante des Indépendants lui demanda pourquoi elle avait posé une telle question, et aussi pourquoi elle avait pris la décision de s’avilir ainsi. Ces mots blessèrent la Louve comme une flèche décochée en plein cœur et elle fronça les sourcils sous le coup de la colère. S’avilir ? Non, elle était une personne libre, Indépendante elle aussi, elle jouait la comédie, ne croyait pas en Dieu, n’obéissait à rien ni personne…

Puis la jeune femme passa de la frustration à l’incompréhension la plus totale. Comment ça, elle l’avait trahie ? Ses yeux auparavant plissés s’agrandirent et elle ne dit rien, ne comprenant pas le sens de ces paroles. Un silence gênant s’installa.

Oui…bien sûr que Nova Yzis avait du se sentir trahie…elle espérait sûrement trouver en Haru une amie, et pas une militaire stricte, qui dès la première rencontre ne concevait leur relation que sous une nature diplomatique. Elle baissa la tête, laissant le flux de reproches se peignant sur le visage de la jeune aveugle pleuvoir sur elle. Elle n’avait même pas envie de protester ou de défendre de sa cause. Elle était tout simplement lasse et perdue.
A quoi donc servaient toutes ces journées ? Pour qui est-ce qu’elle vivait réellement ? Après tout, que gagnait-elle à proposer à Nova un pacte d’Alliance ? Le contentement de Krago Gil’Dillian, sans doute. Mais elle se moquait bien du contentement de son supérieur…il ne lui apporterait aucune satisfaction personnelle…

La Louve vit les regrets apparaissant sur le visage de la jeune aveugle, et un instant plus tard, celle-ci s’excusa. Elle semblait sincère. Le Bras Droit des Excommuniés secoua la tête et déclara d’une voix faible et éteinte :


"C’est bon…ne vous en faîtes pas…j’ai l’habitude…"

Haru se remit en question. Il y avait quelque chose dans son existence qui n’allait pas. Elle clamait intérieurement qu’elle était libre et indépendante, mais elle se contentait d’obéir aux ordres comme un petit chien. L’ennui, c’est qu’elle n’avait pas le choix. Si elle avait monté en grade dans la hiérarchie des Excommuniés, c’était pour acquérir plus de puissance dévastatrice, et ainsi écraser tous les Kabadjs qu’elle rencontrerait. Mais à présent, prise dans l’étau de la société, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Elle était obligée d’obéir, de s’avilir comme l’avait dit Nova, et d’exécuter à la lettre les ordres qu’on lui transmettait…En ne laissant aucune place à sa vie privée, vivant constamment sur le qui-vive en revêtement militaire…

C’était si pathétique qu’un sanglot violent secoua tout son corps et elle s’accroupit, les larmes ruisselant sur son visage et tombant au sol peu à peu. Quelle honte ! Voilà qu’elle vidait toutes les larmes de son corps devant une dirigeante, et elle ne pouvait pas s’arrêter.


"J’en ai assez…"murmura t-elle d’un voix très basse…

Il s’écoula de longues minutes de silence, qui n’était rompu que par les larmes d’Haru et les bruits de la nature sereine qui les entouraient, offrant un contraste saisissant avec ces deux jeunes femmes tourmentées, qui se faisaient face, leurs âmes mises à nues. La Louve n’avait jamais rencontré une personne telle que Nova, qui lui fasse autant d’effet. Pourquoi n’était-elle pas capable de conserver un air neutre quand elle parlait à l’aveugle ? Peut-être parce que celle-ci était l’incarnation de la sincérité, criante de vérité, pas comme ces hommes qu’elle côtoyait tous les jours et qui n’avaient sur eux que des masques, dissimulant leur nature vile et hypocrite…Et sans trop qu’elle sût pourquoi, la perspective de savoir qu’il existait encore dans ce monde pourri de vices, des personnes aussi pures que Nova Yzis, lui fut étrangement réconfortante…

Finalement, Haru se releva enfin, elle avait séché ses larmes, mais celles-ci avaient laissé de longues traces couleur de craie dans son visage au teint de porcelaine. Elle regarda comme pour la première fois Nova et sourit simplement, tristement. Puis elle commença à tourner les talons.


"Je comprends votre refus, Dame Nova Yzis. Pardonnez moi d'avoir été aussi effrontée. Je vous demande juste de réfléchir à cette proposition... J’ai été absolument ravie de vous rencontrer, j’espère que nous nous reverrons."
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